Dans de nombreux cas, surtout lorsque la collecte de données est limitée ou que le système de production est complexe, la consommation énergétique détaillée par produit ou par machine n'est pas disponible. Dans ces situations, il est acceptable d'utiliser une approche simplifiée, dite « macro », pour estimer l'utilisation d'énergie. Bien que cette méthode introduise une certaine incertitude, elle est préférable à l'exclusion totale des impacts énergétiques.
1. Utiliser la Consommation Annuelle Totale
Lorsque les données au niveau du processus sont manquantes, il faut partir de la consommation annuelle totale d'énergie du site (électricité, gaz et autres combustibles confondus). Cette valeur est généralement facile à obtenir via les factures des services publics, les rapports énergétiques ou les bilans GES (Gaz à Effet de Serre) de l'entreprise.
Cette approche est similaire à celle utilisée dans les bilans GES, où la consommation énergétique totale est divisée par des indicateurs d'activité pertinents (volume de production, surface au sol ou heures de fonctionnement). Si des données plus granulaires sont disponibles (par exemple, mensuelles ou par ligne de production), utilisez-les pour améliorer la précision de votre estimation. Plus l'échelle de temps est courte et les données sont proches du processus réel, plus l'allocation sera précise.
2. Allouer l'Énergie entre les Produits
Une fois la consommation énergétique totale connue, elle doit être répartie entre les différents produits fabriqués sur le site.
Comme expliqué précédemment, la règle d'allocation la plus simple consiste à distribuer l'énergie en fonction de la part de chaque produit dans la production totale (en masse, en nombre d'unités ou en volume de ventes).
Exemple : Si l'usine produit trois articles (A, B et C) et que le produit A représente 40 % de la production totale, vous pouvez attribuer 40 % de la consommation énergétique annuelle totale au produit A.
Cette hypothèse doit être explicitée dans la documentation de votre ACV. Elle ne reflète pas les différences spécifiques aux processus, mais elle fournit une estimation transparente et reproductible lorsqu'aucune mesure directe n'est possible.
3. Documenter la Limite et Planifier l'Affinement
Cette approche d'allocation macro n'est pas idéale, car elle suppose que tous les produits exigent la même intensité énergétique. Cependant, elle reste valide en l'absence de toute autre donnée, notamment pour les évaluations préliminaires ou les études de cadrage.
Pour améliorer la précision par la suite :
- Demandez des données énergétiques au niveau de la machine ou du processus aux opérateurs ou aux équipes techniques. 
- Vérifiez les compteurs d'énergie, les sous-compteurs ou les spécifications techniques des équipements. 
- Affinez l'allocation dès que ces détails deviennent accessibles. 
4. Recommandation Récapitulative
Lorsque les données spécifiques aux processus manquent :
- Partez de la consommation énergétique totale du site (annuelle, ou sur une période plus courte si possible). 
- Allouez cette consommation entre les produits à l'aide d'un indicateur macro (masse, unités ou ventes). 
- Documentez clairement l'hypothèse et ses limites. 
- Affinez l'estimation dès que des données plus détaillées sont disponibles. 
Ceci garantit que votre ACV reste cohérente et complète, tout en maintenant la transparence sur le niveau de qualité des données et l'incertitude qui en découle.

